2 avril 2008
Elle, ce sont des explosions abstraites aux allures de firmaments qui l’allument présentement; lui, ce sont les couleurs éclatantes des tulipes et les belles demeures d’autrefois. Tous les deux ensemble, ils prouvent que l’art permet des rencontres qui deviennent de belles amitiés au fil du temps.
Par Véronique Lemonde (Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 2 avril 2008)
Ce duo contrastant est formé des peintres maskoutains Doris Chassé et Yves Morier qui présentent ces jours-ci l’exposition Richesses et Impulsions, à la Bibliothèque T.‑A.‑Saint‑Germain.
Les deux amis carburent à la peinture depuis tellement longtemps qu’ils ont du mal à se rappeler à quand remonte leur première rencontre artistique. Aux alentours de 1995,peut‑être 1994. Ce sont les symposiums, le Sentier des couleurs de Saint-Pie et tant d’autres événements artistiques qui ont permis de faire éclore cette amitié entre Doris Chassé et Yves Morier. Ils se souviennent une fois, entre autres, où ils avaient peint ensemble. À la fin de la journée, ils avaient alors décidé d’échanger les deux toiles complétées.
« Nous avons souvent fait des choses ensemble de manière informelle, mais là, dernièrement, nous nous sommes dit : tiens, si nous faisions un duo? », indique Yves Morier, également juge à la Cour du Québec.
De ces univers fort contrastants ressort pourtant une belle cohérence pour quiconque a l’occasion de discuter avec ces deux passionnés.
Doris Chassé, même si elle se consacre dorénavant à l’abstrait, confie qu’elle vit « toujours un combat intérieur entre le figuratif et l’abstrait ». « À mes débuts, je faisais surtout du figuratif, puis, dans les années 90, l’abstrait a fait son chemin dans mes toiles. Encore aujourd’hui, ce que j’enseigne dans mes cours, c’est surtout académique. Cependant, dans mes toiles plus récentes, j’ai fait le choix de l’abstrait », de dire Doris Chassé.
Pleines de textures, les œuvres (techniques mixtes) de cette dernière semblent tout droit sorties de livres d’astronomie avec leurs jets à l’image de nébuleuses, d’étoiles ou de constellations. Mais la lecture de tout cela, Doris Chassé la laisse aux visiteurs même. « Pour moi, Doris, c’est comme du Riopelle », complimente Yves Morier en nous montrant un article de journal traitant des 60 ans du célèbre Refus global. « Ça me touche ce que Yves dit, parce que Riopelle est un des grands selon moi. J’aime particulièrement cette phrase qu’il a dite : quand tu commences un tableau, il te faut nier tous les autres », ajoute Mme Chassé.
Yves Morier, quant à lui, présente une série de toiles (huile et acrylique) où se côtoient l’architecture patrimoniale du Québec, dont plusieurs œuvres représentant le centre-ville maskoutain, le voyage et les couleurs vibrantes.
Très souples et tout en mouvement, les traits d’Yves Morier donnent quelque chose de fantaisiste à ces paysages souvent urbains. Des toiles sur son dernier voyage en Italie, cet hiver, mettent vraiment en valeur les couleurs éclatantes qui caractérisent sa production.
« Dans mon travail de juge, je fais respecter beaucoup de règles, alors, en peinture, je suis spontané, je m’éclate. Disons que mes points de fuite ne sont pas toujours impeccables », lance Yves Morier. Cet éclatement par l’art, cet exutoire, Doris Chassé le vit également, elle qui se doit d’enseigner des techniques bien précises à ses élèves. « Je ne savais pas qu’Yves voyait la peinture dans cette optique versus son métier de juge, comme moi, versus mon travail de professeure de peinture. »
Encore une fois, les deux amis peintres venaient de découvrir un aspect supplémentaire qui les réunit dans leur amour des arts.
L’exposition Richesses et Impulsions se poursuit jusqu’au 21 avril. Un vernissage aura lieu ce dimanche, le 6 avril, de 13 h à 16 h, en présence des deux artistes.